C’est l’un des poètes français les plus connus comme Victor Hugo ou Arthur Rimbaud. Qui n’a pas durant ses années d’école récité une poésie de Jacques Prévert ? Et si l’on s’attardait un peu plus sur la vie de ce génie des mots.
Enfance et débuts dans le mouvement surréaliste
Jacques Prévert est né le 4 février 1900 à Neuilly-sur-Seine où il passe son enfance. Son père, André, est un homme polyvalent qui exerce divers métiers pour gagner sa vie, mais se passionne pour la critique dramatique et cinématographique et partage son goût pour le théâtre et le cinéma avec son fils. Il a également un grand frère, Jean, qui malheureusement meurt de la typhoïde en 1915.
Jacques est un enfant doué, initié à la lecture par sa mère (Suzanne), dès son plus jeune âge. Cependant, il s’ennuie à l’école et abandonne ses études après l’obtention de son certificat. Il vit alors de petits boulot.
De 1924 à 1928, il est hébergé par Marcel Duhamel qui dirige l’hôtel Grosvenor. C’est à cet endroit que sont logés tous les amis désargentés de Duhamel : Raymond Queneau, Yves Tanguy. Prévert y mettra au point le fameux “cadavre exquis” et ce sera le lieu de naissance du mouvement surréaliste.
Indépendance
Prévert fait preuve de beaucoup d’indépendance d’esprit, ce qui l’empêche de faire véritablement partie d’un groupe et commence alors une carrière d’auteur en solo. Il écrit des textes pour des groupes de musiciens, des troupes de théâtre. Puis il se tourne vers la poésie.
Certains de ses poèmes sont mis en musique par Joseph Kosma dès 1935, et immortalisés par de grands artistes.
Il publie le recueil “Paroles” en 1946 qui rencontre un vif succès. On y retrouve notamment des œuvres magistrales comme Barbara. Il travaille également comme scénariste pour des chefs d’oeuvre du cinéma français comme Quai des Brumes ou encore dans le film d’animation Le Roi et l’Oiseau.
Fin de vie
Il meurt le 11 avril 1977 des suites d’un cancer du poumon, à Omonville-la-Petite, dans la Manche. Il avait alors 77 ans. C’est aujourd’hui sa petite-fille, Eugénie Bachelot-Prévert, qui gère l’œuvre de son grand-père
Barbara de Jacques Prévert : un de ses poèmes les plus connus
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t’ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N’oublie pas
Un homme sous un porche s’abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t’es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m’en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j’aime
Même si je ne les ai vus qu’une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s’aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N’oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l’arsenal
Sur le bateau d’Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu’es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d’acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n’est plus pareil et tout est abîmé
C’est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n’est même plus l’orage
De fer d’acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l’eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.
Jacques Prévert, « Barbara », in Paroles, paru aux Éditions Gallimard, 1946
© Fatras / Succession Jacques Prévert, tous droits numériques réservés.
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