La poésie classique est le plus ancien des genres littéraires. C’est un art poétique qui est structuré par des règles précises visant à choisir des mots donnant de l’expressivité à la forme. Une forme qui peut être variée, et qui s’écrit généralement en vers. Les poèmes classiques sont caractérisés par plusieurs éléments.

Le vers et la strophe

Le nombre de syllabes est d’une haute importance dans un vers également appelé mètre. Ainsi, une versification syllabique en nombre pair (6, 8, 10, et 12) constituant une unité de sens sur une ligne est un vers.

La position des « e » compte beaucoup et permet de dissocier les syllabes. Les auteurs d’art poétique jouent aussi sur la longueur des voyelles pour l’expressivité. Dans ce jeu de voyelles, on distingue deux méthodes distinctes : la diérèse et la synérèse.

Les vers regroupés en groupe forment une strophe. Et les vers de chaque strophe se terminent par une rime. Une strophe peut contenir 2, 3, 4, 6 ou 10 vers.

Le rythme et la musicalité

Autrefois, une poésie était chantée, elle avait donc du rythme. L’enjambement qui consiste à jouer sur la longueur des phrases permet de produire des effets multiples tels que l’harmonie, la solennité, etc.

La musicalité d’un poème se construit sur différents points.

Les accents

La césure et l’accent flottant sont les deux principaux accents donnant aux poèmes toute leur beauté.

La rime

Il s’agit d’une répétition d’un son que l’on retrouve en fin de vers. Une rime peut être riche, pauvre ou suffisante. Il existe 3 types de rimes : les rimes suivies (AABB), les rimes croisées (ABAB), et les rimes embrassées (ABBA).

La sonorité

La résonance de sons contribue aussi à rythmer un poème. Les poètes utilisent souvent l’assonance et l’allitération.

Les formes poétiques

Les formes les plus courantes dites « formes fixes », datent du Moyen Age. Ce sont :

  • la ballade ;
  • le sonnet ;
  • le rondeau ;
  • et l’Ode.

À partir du XVIe siècle, des formes poétiques plus libres apparaissent.

La complexité du (e) muet en versification classique :

Dans la langue française, lorsque l’on parle couramment, il est évident que ce que l’on appelle le e muet n’a jamais l’occasion d’être prononcé. Il y a des dizaines d’exemples pour illustrer cette règle. Il est très rare d’entendre quelqu’un dire ‘Je vais’ à tel ou tel endroit, on entendra plutôt ‘j’vais’. Vous-même en lisant cet article vous ne prononcerez jamais les e muets. L’amuïssement, est le nom donné à cette chose que l’on fait tous sans se rendre compte en linguistique.

Il est possible que le e muet soit prononcé dans la poésie pour les graphies ‘e’ ‘es’ ou encore ‘ent’.

Une apocope, est ce que l’on désigne dans la versification classique comme étant un e muet que l’on ne comptabilise pas comme une syllabe en fin de vers.

 

On peut comptabiliser un e muet comme étant une syllabe dans un vers si :

  • Après un e muet, on trouve une voyelle.
  • Après un e muet, on trouve un h muet.

Par contre, le e n’est plus muet si :

  • On trouve une consonne après le e.
  • C’est un e graphié ‘ent’ ou ‘es’.

On utilise cette règle générale dans tous les cas.

Ils entendent pendant que d’autres dorment.

Ils / en/ ten / dent/  pen/ dant/ que /d’au/tres /dor/ ment.

 

 

Le premier e graphié ‘ent’ n’est pas muet car il est suivit par une consonne, le dernier l’est car rien ne le suit.

 

Une syncope est définie quand le e est élidé entre une consonne et une voyelle dans un mot. Comme dans cet exemple où le e muet ne se fera pas comptabiliser comme étant une consonne.

Je ne t’envierai plus à partir de maintenant.

poésie classique

La prose poétique

La prose est un genre littéraire différent du poème classique, car elle ne comporte pas de versification, de rimes. Elle est donc plus souple et plus libre. Par contre, la prose emploie des figures de style comme la métaphore, l’oxymore, la comparaison, etc.

Le poème de Baudelaire « Le vieux saltimbanque », est un exemple parfait de poème en prose.

Partout s’étalait, se répandait, s’ébaudissait le peuple en vacances. C’était une de ces solennités sur lesquelles, pendant un long temps, comptent les saltimbanques, les faiseurs de tours, les montreurs d’animaux et les boutiquiers ambulants, pour compenser les mauvais temps de l’année.
En ces jours-là il me semble que le peuple oublie tout, la douceur et le travail; il devient pareil aux enfants. Pour les petits c’est un jour de congé, c’est l’horreur de l’école renvoyée à vingt-quatre heures. Pour les grands c’est un armistice conclu avec les puissances malfaisantes de la vie, un répit dans la contention et la lutte universelles.
L’homme du monde lui-même et l’homme occupé de travaux spirituels échappent difficilement à l’influence de ce jubilé populaire. Ils absorbent, sans le vouloir, leur part de cette atmosphère d’insouciance. Pour moi, je ne manque jamais, en vrai Parisien, de passer la revue de toutes les baraques qui se pavanent à ces époques solennelles.
Elles se faisaient, en vérité, une concurrence formidable : elles piaillaient, beuglaient, hurlaient. C’était un mélange de cris, de détonations de cuivre et d’explosions de fusées. Les queues-rouges et les Jocrisses convulsaient les traits de leurs visages basanés, racornis par le vent, la pluie et le soleil ; ils lançaient, avec l’aplomb des comédiens sûrs de leurs effets, des bons mots et des plaisanteries d’un comique solide et lourd comme celui de Molière.

Les Hercules, fiers de l’énormité de leurs membres, sans front et sans crâne, comme les orangs-outangs, se prélassaient majestueusement sous les maillots lavés la veille pour la circonstance. Les danseuses, belles comme des fées ou des princesses, sautaient et cabriolaient sous le feu des lanternes qui remplissaient leurs jupes d’étincelles.
Tout n’était que lumière, poussière, cris, joie, tumulte; les uns dépensaient, les autres gagnaient, les uns et les autres également joyeux. Les enfants se suspendaient aux jupons de leurs mères pour obtenir quelque bâton de sucre, ou montaient sur les épaules de leurs pères pour mieux voir un escamoteur éblouissant comme un dieu. Et partout circulait, dominant tous les parfums, une odeur de friture qui était comme l’encens de cette fête.
Au bout, à l’extrême bout de la rangée de baraques, comme si, honteux, il s’était exilé lui-même de toutes ces splendeurs, je vis un pauvre saltimbanque, voûté, caduc, décrépit, une ruine d’homme, adossé contre un des poteaux de sa cahute; une cahute plus misérable que celle du sauvage le plus abruti, et dont deux bouts de chandelles, coulants et fumants, éclairaient trop bien encore la détresse.
Partout la joie, le gain, la débauche; partout la certitude du pain pour les lendemains; partout l’explosion frénétique de la vitalité. Ici la misère absolue, la misère affublée, pour comble d’horreur, de haillons comiques, où la nécessité, bien plus que l’art, avait introduit le contraste. Il ne riait pas, le misérable ! Il ne pleurait pas, il ne dansait pas, il ne gesticulait pas, il ne criait pas ; il ne chantait aucune chanson, ni gaie ni lamentable, il n’implorait pas. Il était muet et immobile. Il avait renoncé, il avait abdiqué. Sa destinée était faite.
Mais quel regard profond, inoubliable, il promenait sur la foule et les lumières, dont le flot mouvant s’arrêtait à quelques pas de sa répulsive misère ! Je sentis ma gorge serrée par la main terrible de l’hystérie, et il me sembla que mes regards étaient offusqués par ces larmes rebelles qui ne veulent pas tomber.
Que faire ? A quoi bon demander à l’infortuné quelle curiosité, quelle merveille il avait à montrer dans ces ténèbres puantes, derrière son rideau déchiqueté ? En vérité, je n’osais ; et, dût la raison de ma timidité vous faire rire, j’avouerai que je craignais de l’humilier. Enfin, je venais de me résoudre à déposer en passant quelque argent sur une de ses planches, espérant qu’il devinerait mon intention, quand un grand reflux de peuple, causé par je ne sais quel trouble, m’entraîna loin de lui.
Et, m’en retournant, obsédé par cette vision, je cherchai à analyser ma soudaine douleur, et je me dis : Je viens de voir l’image du vieil homme de lettres qui a survécu à la génération dont il fut le brillant amuseur ; du vieux poète sans amis, sans famille, sans enfants, dégradé par sa misère et par l’ingratitude publique, et dans la baraque de qui le monde oublieux ne veut plus entrer !