Vous êtes amateur de poésie française ? Vous souhaitez progresser de jour en jour ? Voici une facette de cette poésie que vous ignorez peut-être et que vous pouvez utiliser pour montrer votre talent. Il s’agit de l’acrostiche.

acrostiche

flickr : Acrostiche romainh et soleil

Définition

 

Ce terme est dérivé du mot composé grec akrostikhos. Akros qui veut dire élevé, haut, tandis que stikhos signifie vers. En d’autres termes, il s’agit d’un poème qui dissimule un mot. Plus précisément, les premières lettres de chaque vers forment un mot que vous pouvez lire verticalement de haut en bas. Ce mot secret peut être un nom, une sentence ou une devise. Et il faut qu’il soit en rapport avec le sujet du poème, l’auteur, le dédicataire, etc. Il est aussi possible que le poème cache un message. Dans ce cas, vous le décodez en lisant simplement chaque premier mot de chaque vers.

acrostiche yannick monrosé

 

Histoire

 

En fait, d’après Cicéron, ce jeu littéraire utilisé dans une poésie courte a été inventé par Ennius. Au fil des siècles, différents poètes et écrivains se sont servis de cette technique pour la création de leurs œuvres. Parmi les plus célèbres, on peut citer Jean-Sébastien Bach dans son « Offrande musicale » qu’il dédie au roi de Prusse Frédéric II, un grand mélomane. On peut également citer l’écrivain et grand poète Français Apollinaire qui utilisa cette technique dans « Poèmes à Lou » pour illustrer le nom de bien-aimée Louise. On a aussi découvert que Pierre Corneille s’en était servi dans sa pièce « Horace », bien que les spécialistes ne soient pas en mesure de déterminer s’il l’avait fait volontairement ou non.

 

Comment l’écrire ?

 

La première chose à faire si vous souhaitez faire un akrostikhos, c’est de prendre le temps de bien étudier votre thème. En effet, vous devez rester dans le thème de votre création . Ensuite, commencez à rédiger votre poème en prenant soin de bien choisir le premier mot de chaque strophe de façon à former le fameux mot que vous auriez choisi.

 

Nuitamment, tel un noctambule

Un homme aux abois réclame sa pitance

Incompris au travers des maisons verrouillées

Tout le mal enduré, lui en est reproché

 

 

    Acrostiches célèbres

 

CORRESPONDANCE DE MUSSET A SAND

Alfred de Musset envoya un poème à Georges Sand qui lui a accorda sa réponse en versifiant à son tour.

A l’invitation de Musset :

QUAND je mets à vos pieds un éternel hommage
VOULEZ-vous qu’un instant je change de visage ?
VOUS avez capturé les sentiments d’un cœur
QUE pour vous adorer forma le Créateur.
JE vous chéris, amour, et ma plume en délire
COUCHE sur le papier ce que je n’ose dire.
AVEC soin, de mes vers lisez les premiers mots
VOUS saurez quel remède apporter à mes maux.

Georges Sand répondit :

CETTE insigne faveur que votre cœur réclame
NUIT à ma renommée et répugne à mon âme.
Ou

CETTE insigne faveur que votre cœur réclame
NUIT peut être à l’honneur mais répond à ma flamme.

Le massage caché entre les deux amants est particulièrement clair et parlant, et à mon humble opinion, coquin en diable et d’un romantisme fou…

 

 

Mais vouloir au public immoler ce qu’on aime,

S‘attacher au combat contre un autre soi-même,

Attaquer un parti qui prend pour défenseur

Le frère d’une femme et l’amant d’une sœur,

Et rompant tous ces nœuds s’armer pour la patrie

Contre un sang qu’on voudrait racheter de sa vie,

Une telle vertu n’appartenait qu’à nous,

L‘éclat de son grand nom lui fait peu de jaloux,

Et peu d’hommes au cœur l’ont assez imprimée,

Pour oser aspirer à tant de renommée.

Corneille, Horace, II, 3, Horace

 

L’horizon perd à petit feu sa clarté

Une dizaine d’heures, complice de l’opacité

Noie les derniers rayons de soleil dans une eau noire

Emus de cet adieu éphémère, les noctambules s’éveillent

Yannick Monrosé @2021

 

La littérature française revient à l’honneur avec un auteur qui se veut unique. On lui reconnait une multitude d’œuvres littéraires. De celles-ci, un recueil fera l’objet de notre analyse : poèmes saturniens

Paul Verlaine

Présentation de l’œuvre

Publié chez Alphonse Lemerre en 1866, poèmes saturniens est le premier recueil littéraire de Paul Verlaine, un grand poète français. Il est question ici d’un ensemble d’écrits inspirés de poètes célèbres comme Victor Hugo et Charles Baudelaire. Alors qu’il était encore élève, Paul s’éprit d’amour pour les œuvres de ces auteurs et empruntera chez chacun d’eux, un style bien unique.
À titre illustratif, les écrits de Paul laissent entrevoir le style essentiellement satyrique et le goût pour la provocation propre à Baudelaire. Aussi surprenant que puisse être le choix du titre, l’auteur plonge son œuvre sous la sombre égide de saturne. Il y joue sur les mètres pairs, ceux impairs et surtout sur des rythmes rompus, faisant de son œuvre un univers dense d’émotions diverses.

Structure de l’œuvre

Cette œuvre célèbre de Paul Verlaine  (éditée à compte d’auteur) est composée d’un prologue et d’une pièce liminaire auxquels s’ajoutent 25 différents poèmes divisés en 4 chapitres. On y retrouve également une douzaine de poèmes libres, positionnés à la fin de l’œuvre. Il faut dire que l’auteur s’est beaucoup plus inspiré de Baudelaire que des autres auteurs célèbres. On s’en rend compte rien qu’en lisant le prologue.
Quant-aux 4 chapitres, ils portent tous des titres qui annoncent un contenu bien sombre et qui sort de l’ordinaire. Ces titres sont : Melancolia, Eaux-fortes, Paysages tristes et Caprices. Tous ces 4 titres font allusion à de célèbres peintures, preuve du souhait de l’auteur d’offrir un mélange d’arts à ses lecteurs à travers la poésie.

Des thématiques empreintes de tristesse

Tous les poèmes du recueil portent sur des thématiques assez particulières et qui conditionnent les relations humaines. Il s’agit entre autres de la mélancolie, du temps, de l’amour, de la bourgeoisie et surtout de la musique. Par ailleurs, dans tous les poèmes de recueil, on sent la présence d’une forte mélancolie. Cela pourrait s’expliquer par la personnalité assez solitaire reconnue autrefois à l’auteur. Il ne manque pas d’ailleurs de faire part de ses états d’âmes sombres et de ses nostalgies dans les textes.

Le dormeur du val est une série de strophes constituant un sonnet écrit par Arthur Rimbaud en 1870. Ce poème fait partie du second poème tiré de son œuvre le « Cahier de Douai ». On peut en tirer quelques idées claires à propos du texte en se penchant sur les vers.

le dormeur du val d'Arthur Rimbaud

 

Un reflet de sa jeunesse

Cette œuvre fait partie des poèmes les plus célèbres du poète. On a à faire à un  sonnet façonné d’alexandrins avec un mélange de rimes régulières et croisées. On retrouve cette façon d’écrire dans certaines œuvres de Charles Baudelaire.

Par ailleurs, l’engagement, la volonté de l’auteur de décrier les maux de son époque, alors qu’il n’a que 16 ans se dégage du poème. La guerre franco-prussienne de 1870 fait rage en Europe, si bien que Rimbaud en est profondément affecté surtout avec la bataille de Sedan.

L’histoire raconte que la France est sortie perdante à l’issue de cette bataille. Et le jeune Rimbaud en fut témoin, de son village de Charlevilles. De nombreux soldats Français sont exécutés par le camp adverse, parfois grièvement blessés  au milieu de la campagne. Par contre, nul ne sait s’il avait assisté à la tuerie, où s’il s’était réfugié avec ses parents.

La nature omniprésente

Le paysage, les chants d’oiseaux, le souffle du vent,  tous ces éléments  exprimés par la force des mots démontrent à suffisance la beauté de la poésie. Dans ce sonnet par exemple, l’auteur évoque la verdure, la montagne, la rivière qui ruisselle, les oiseaux qui chantent. Tout ceci surenchérit par les verbes d’action sublime le poème et accroche le lecteur.
En effet, Rimbaud vit au milieu d’un paysage naturel vivifiant, serein et équilibré. Il décrit la nature apaisante dans les vers 1 et 2.

Mais cette nature protectrice qui constitue un refuge pour lui est souillé par la guerre des hommes. Le sang qui coule lui est fortement désagréable. A travers ses mots, on peut ressentir sa peine profonde. Voilà pourquoi il ne manque pas dans ce sonnet  de relater le cas d’un soldat blessé, bercé par le vent, allongé sur « son lit vert ». Un calme trompeur qui peut vouloir évoquer la mort.

Le dormeur du val

C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

La rime embrassée est une forme particulière d’agencement de vers très appréciée des poètes. Elle sublime le poème quand on sait bien la manier. Avant de se lancer dans l’écriture d’un poème,  le poète en herbe peut s’amuser au préalable à jeter un coup d’œil sur les différentes techniques utilisées pour bien créer ses rimes. Les rimes font partie de ces techniques que les néophytes sont invités à connaître.
rime embrassée

Pablo Picasso

Les différents types de rimes

L’auteur d’un poème peut choisir entre différents types de rimes. Concernant particulièrement la disposition de celles-ci, vous pouvez opter pour les rimes plates ou suivies, du genre AABBCC, etc. Il est également possible d’opter pour les rimes tripartites du genre AABCCB, ou les rimes alternées ou croisées du genre ABAB. En outre, il existe encore des rimes brisées ou les vers riment ensemble aussi bien par la césure que par la fin de vers. Enfin, vous pouvez jeter votre dévolu sur les rimes embrassées qui adoptent le genre ABBA.

Gros plan sur les rimes embrassées

On peut donc définir la rime embrassée comme une rime encadrée par d’autres rimes, et adoptant la forme ABBA. Pour donner plus de clarté à cette définition, il convient de prendre un exemple. Ainsi, dans « Sonnet à Hélène » de Pierre de Ronsard, on peut très bien découvrir l’organisation de ce genre de rime :

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle (A)

Assise, auprès du feu, dévidant et filant (B)

Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant : (B)

« Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle ! » (A)

C’est donc cette alternance des rimes qui explique l’appellation de rimes embrassées. Il est utile de rappeler que ces dernières sont présentes dans les poèmes célèbres comme « Heureux qui comme Ulysse » de Joachim du Bellay, ou encore « L’horloge », « Correspondances », et « Harmonie du soir » de Charles Baudelaire. Vous pouvez également apprécier l’harmonie de ces rimes dans « La Tzigane » de Guillaume Apollinaire ou encore « Le temps a laissé son manteau » de Charles d’Orléans. Les chefs-d’œuvre littéraires permettent également de découvrir les différentes rimes existantes et aident aussi à se familiariser avec leur utilisation.